Les dépouillements
Les œuvres présentées dans cette série ont été peintes en public alors que je travaillais auprès de personnes exilées, réfugiés de guerre et demandeurs d’asile. La thématique du dépouillement est déclinée sous différents aspects. Concision et sobriété du discours, simplicité des matériaux, regards dénués d’expression, nudité des corps, corps décharnés, solitudes, renoncement à l’idéal esthétique sont autant de formes de l’expérience du dépouillement. Mes sources d’inspiration sont tirées des petits riens de la vie quotidienne. Ma chienne Daisy, très présente dans mes productions, est la représentation d’un double tendre et simple de moi-même. Elle est simplicité de la vie à l’état de nature, innocence, pulsion joyeuse et destruction amusée.
Les œuvres sont produites en élans automatiques alla prima - au premier jet - sans retouche ultérieure. Ainsi à l’état brut, elles comportent certaines irrégularités. Débordements de couleur, marques de fixation, déchirures du support sont les témoins des événements survenus en cours de création.
Les matériaux utilisés sont ordinaires (pinceaux, couteaux, couleurs primaires acryliques de qualité « étude », encre de chine), les supports sont : chutes de toile, papier, tissu.
Nouvelle création
En 2019, retour à l'intimité de mon atelier. Je consacre mon travail à la thématique biblique. Avec la série "Nouvelle création", plus qu’un travail d'illustration du livre, je cherche à traduire sous forme visuelle les échos sensibles, parfois mêlés, que les Écritures Saintes éveillent en moi. Les Évangiles, le Livre de la Sagesse, Isaïe, sont autant de sources d'inspiration. Mais les Psaumes restent la principale et la plus féconde. Et par une sorte d’identification au narrateur, je me mets en scène dans mes tableaux.
Le processus d’élaboration se déroule sur le temps long par à-coups alternant périodes intenses de travail d’atelier et périodes d'exploration réflexive. Sans étude de composition préliminaire, les éléments de la scène et leurs détails vont s’appeler les uns les autres au fur et à mesure que monte le tableau le plus souvent en cours de réalisation. A ce moment, je cesse de peindre, laisse venir les choses. S’engage alors une période de réflexion durant laquelle je rends de fréquentes visites au tableau afin que nous nous concertions. Une fois la nouvelle composition sûre et bien fixée, je reprends le travail, m’attelant pour ainsi dire à un nouveau tableau. Cette méthode d’aménagement/réaménagement de la scène autour et à partir de l'existant nécessite de recourir fréquemment au repentir.
Les matériaux utilisés sont classiques (pinceaux, couteaux, couleurs et encres acryliques, pastels), les supports peuvent varier : chutes de toile, papier et carton apprêtés.
Corps et âmes
Ces oeuvres sont autant de contemplations de la dimension spirituelle humaine à partir de l'existence corporelle. L'oeuvre sculptée, depuis son modelage jusqu'à son endimanchement, interroge l'imbrication entre l'âme et le corps. Comment l'âme impérissable se relie-t-elle au corps mortel en l'informant et en l'animant ici-bas ?
Chaque statue présente la forme distincte d'une âme déjà séparée de son corps. Dans sa libération cette âme porte les traces de sa vie incorporée. Par là même ce travail est aussi une réflexion sur la nature du temps humain puisque les temporalités de la vie incorporée et de la vie post-mortem aparaissent simultanément.
Les matériaux utilisés sont ordinaires : terre rouge, cirage, peinture acrylique, cheveux artificiels, tissus, dentelles, passementeries, plumes, fourrure, fourrure artificielle, perles, sequins, fil de fer, fil de couture, encollage acrylique, colle.